L'interrogation surprise

Lennart Ekbom, 1943
 
On peut voir dans ce paradoxe une variante subtile du paradoxe du menteur. Si l'interrogation surprise est paradoxale, alors elle ne l'est pas. Mais si elle n'est pas paradoxale, alors elle l'est...

L'idée en a été directement donnée à Ekbom par la lecture de cet entrefilet paru dans un journal local: Un exercice de défense civile est programmé pour cette semaine. Pour s'assurer de la bonne préparation des unités de défense civile, personne ne connaîtra à l'avance la date de cet exercice. On en connaît généralement mieux la forme suivante.

Un professeur (de mathématiques évidemment) annonce à ses élèves: Je viens de décider du jour de la semaine prochaine où je vous ferai passer une interrogation surprise. Vous devrez être prêts toute la semaine durant, car vous n'aurez aucun moyen d'en connaître la date à l'avance. Sachant que la semaine d'école dure de lundi à vendredi, les élèves font le raisonnement suivant: le professeur ne peut fixer l'interrogation à vendredi, car alors les élèves, n'ayant rien vu arriver jusque-là, auraient dès jeudi soir la certitude d'être interrogé le vendredi et pourraient donc se préparer à l'avance. Le vendredi est donc exclu, mais quid des autres jours?

Jeudi est impossible également. En supposant que mercredi soir l'interrogation surprise n'ait pas encore eu lieu et sachant qu'elle ne peut avoir lieu le vendredi, les élèves pourraient alors déduire avec certitude qu'ils seront interrogés le lendemain. L'interrogation du jeudi ne serait donc pas une interrogation surprise. Et ainsi de suite les élèves peuvent éliminer le mercredi, le mardi et acquérir la certitude d'être interrogés le lundi. Mais du coup l'interrogation du lundi ne sera pas, elle non plus, une interrogation surprise. Il est donc impossible au professeur de fixer la date son interrogation surprise.

Mais le moment venu, l'interrogation du mercredi (par exemple) n'arrive-t-elle pas malgré tout à la surprise générale?